Dans un courant moribond et abâtardi, la « musique répétitive », où le second terme a trop souvent pris le dessus sur le premier et où le travail de la matière sonore se résumait de plus ou plus à emballer la résonance d'une boîte vide, l'évolution ne pouvait se faire que par un retour aux sources des années 70-80, non pas par la simple copie de ce qui se faisait alors de mieux mais par l’intériorisation de ce corpus musical en le débarrassant de tout son clinquant superflu, de ses maladresses et aveuglements technologiques béats aussi creux qu’inutiles et aujourd’hui parfois bien désuets. Bref, il fallait gratter le vernis craquelé de ces vieux tableaux pour mieux en comprendre le coup de pinceau, non pas l’analyser mais le comprendre, nuance, afin de ne pas faire du « à la manière de » mais d’ajouter sa propre pierre à l’édifice.
 Dans cet esprit, la musique de Sequentia legenda s’inscrit totalement dans la Berliner Schule, mais une Berliner Schule dépoussiérée, débarrassée des oripeaux accumulés avec le temps pour masquer son vide croissant. Ce n’est pas une musique vulgairement accrocheuse mais une musique dont la complexité sous-jacente n’est qu’un moyen de tendre vers la simplicité et l’unité, tel un grand parfum dont il serait vain de vouloir reconnaître les multiples composants et le travail d’assemblage. Composants et assemblage n’ont de sens que s’ils s’effacent et se fondent dans la fragrance finale, c’est ça la Berliner Schule !
 À noter que « Sequentia legenda » est une expression ambiguë en latin puisqu’au sens littéral, on peut aussi bien la comprendre comme « les choses qui sont à relire » ou « les choses qui sont à choisir de nouveau ». J’ignore quel sens Laurent Schieber donne à cette expression mais il me plait de la comprendre comme « Réappropriation » et tout est dit !